Peut-être avez-vous déjà vu ces somptueuses nappes en organza richement brodées qui font de n’importe quelle table une ode à la beauté ? Enchantement et magie de l’Orient qui fascinent dont finalement nous n’arrêtons pas de nous inspirer. Cet article rend hommage à la broderie Aghabani, et retrace ses origines et son chemin dans l'Histoire.
Beyt Douma by @emma_ainscough
Certains disent que le mot vient de la couleur du safran, d’autres plus pragmatiques précisent qu’il s’agit de l’association de deux grandes familles damascènes, les Agha et les Bani…
Mais « Agha » est une distinction donnée par les Turcs et non un nom de famille. Laissons courir les interprétations pour se consacrer à découvrir la beauté exquise de cet artisanat.
La broderie Aghabani, savoir-faire initié en Syrie il y a plus de 150 ans, à la fin de la période ottomane, fait partie intrinsèque de la culture arabe. Si, il y a quelques dizaines d'années, nos grand-mères européennes recevaient à leur mariage un trousseau brodé, les femmes de Syrie héritent, elles, d’une machine à broder. Un artisanat totalement inclus dans la tradition donc et perpétué systématiquement de génération en génération. Tenu par de grandes familles à Alep et Damas, cette technique a connu un bel essor.
Représentations graphiques et éléments principaux
La broderie aghabani est d’abord la représentation graphique et poétique de la vie quotidienne : fleurs, rosettes, éléments de la nature abondante inspirent les brodeuses. Les matières sont la soie et le coton, abondamment présents dans la région, le fil de soie d’Alep est tissé en or et argent puis évolue vers les couleurs.
La production concerne en premier lieu les vêtements puis se tourne vers les arts de la table.
Rouleaux de soie
La machine à broder aghabani est complexe. Un bras mobile est sous le tablier et requiert une coordination parfaite mains-yeux. Il est comme le crayon qui court sur le papier manipulé par la brodeuse qui donnera l’impulsion nécessaire au travail de création. De nombreuses heures de travail sont nécessaires à la réalisation des pièces.
Machine à coudre aghabani. Crédit UHNCR Liban.
Les premiers dessins étaient d’abord imprimés au tampon (l'art du "block-print") puis brodés. Chacun avait son nom répertorié : « Floraison », « fleurs de vigne » « Noisette », « Pignon de pin »…
Notre rôle dans la protection de l'artisanat traditionnel arabe
L’artisanat traditionnel fait partie du patrimoine culturel immatériel et, à ce titre, doit être protégé : toute expression de créativité et d’identité culturelle est à respecter.
À travers ses ouvrages, l’artisan transmet sa passion, son savoir-faire, et sa fierté d’être l’héritier et le passeur d’une tradition. La multitude de petits ateliers est le bouillonnement de vie d’un quartier, le point de rencontre de familles, d’artisans.
Cela crée un mini poumon économique, une raison de s’émerveiller, une occasion de transmettre et surtout une résistance face à la mondialisation.
C’est cela que nous devons encourager.
Dans un contexte de protection de l’environnement et d’économie durable, privilégier l’artisanat et les savoir-faire est aussi essentiel ! De par sa nature, l’artisanat utilise et met en avant les matières premières locales. Quoi de plus logique…
Aujourd'hui, ni l’industrie de la soie ou du coton, ni celle de l’Aghabani ne subsistent dans un pays ravagé par plus de 10 ans de guerre. Sans doute pas plus de 2 ou 3 artisans travaillent la teinture de la soie, un artisan élève avec espoir ses cocons de soie, quelques femmes continuent à broder…
[beyt] a choisi de travailler en partenariat avec l’atelier Hikayatouna, installé au Liban. Les femmes qui l’ont créé ont reçu l’appui de plusieurs ONG qui leur ont permis de se former aux techniques de l’Aghabani. Nous avons volontairement simplifié et modernisé les lignes pour vous permettre d’acquérir des objets uniques avec une belle histoire. Nos coussins et jetés de lit sont brodés sur des lins issus de fins de collections de tissus de haute couture.
"L’artisanat traditionnel fait partie du patrimoine culturel immatériel et, à ce titre, doit être protégé : toute expression de créativité et d’identité culturelle est à respecter."
1 commentaire
Bonjour,
Où puis je acheter une nappe Aghabani ou libanaise.
Merci pour votre retour.
J.QUINTY