Mais aujourd’hui ils sont confrontés à une réalité quotidienne qui dépasse l’entendement. Comment imaginer dans nos pays si confortables que l’on puisse vivre avec seulement quelques heures d’électricité par jour ; que l’on doit faire la queue pendant cinq à six heures pour récupérer quelques litres d’essence ; que l’on doive supprimer tout produits frais et ne plus utiliser son frigidaire étant donné que la chaîne du froid est brisée.  

Qui aurait cru en arriver là ? Devoir expliquer à la population comment conserver ses aliments sans électricité…

Vous imaginez facilement à quel point la spirale de l’horreur peut démarrer rapidement.  Le manque d’essence et le manque d’électricité ou de mazout qui alimente les générateurs (sur laquelle la population s’appuie depuis des années) entraîne des dysfonctionnements à tous les niveaux. L’eau n’est plus alimentée par les pompes. Les minoteries ne reçoivent plus de farine et ne font plus fonctionner leur four. Les restaurants ne peuvent plus conserver les aliments dans leur frigo. Les hôpitaux ne peuvent plus commander les médicaments dont ils ont besoin pour faire tourner leurs unités ni faire fonctionner leurs unités. Les écoles ne savent pas si elles ouvrirons dans quelques semaines…

Il faut imaginer aussi la chaleur la nuit, pas un souffle, pas la fraîcheur de l’air conditionné qui permet de se reposer. Cumulé avec l’angoisse de l’incertitude, les Libanais ne dorment plus. 

Et la liste est longue. Quand on touche à la santé, à l’alimentation, à l’éducation, aux besoins nécessaires et vitaux d’une population, on touche à son essence même, on touche ses points les plus vulnérables, brise son moral, on l’affaiblit jusqu’à pouvoir l’asservir. On ne sait pas quels sont les plans du Liban, aucune proposition n’est à l’ordre du jour. Plusieurs pays, la banque mondiale, le FMI ont proposé de l’aide à coup de milliards d’euros. La seule condition retenue : remplacer le gouvernement actuel par un gouvernement neutre de technocrates. La soif de pouvoir, la corruption, le confessionalisme ont gangrené l’ensemble des membres du gouvernement, incapables de se défaire, de partir pour permettre à leur pays de se relever.

Mon point n’est pas de faire de la politique, j’en suis bien incapable.

Je voudrais juste proposer quelques solutions à ceux qui se sentent concernés ou auraient envie d’aller plus loin. Plusieurs organisations sûres et confirmées peuvent recevoir vos dons ; voici une liste d’associations et ONG reconnues et fiables : 

Beit el Baraka - beitelbaraka.org https://www.paypal.com/biz/fund?id=MNKPB3F4R748A

Lebanese Red Cross https://www.supportlrc.app/

Live Love Beirut - https://livelovebeirut.com/funds

Bedayati Lebanon - https://bit.ly/bedayatilebanon?ltclid=

Offre Joie - offrejoie.org - https://instagram.com/offre.joie?utm_medium=copy_link

CCCL - children cancer center Lebanon - cccl.org.lb - https://instagram.com/ccclebanon?utm_medium=copy_link

Meds for Leb https://instagram.com/medsforleb?utm_medium=copy_link

Continuez à parler du Liban autour de vous.

Continuez à soutenir les entreprises sociales comme la mienne et tant d’autres (liste ci-dessous), qui permettent par la création d’emplois, la survie de plusieurs personnes. On ne redira jamais assez la valeur d’un travail digne et bien payé qui perdure. Confiance retrouvée, motivation dans la durée, joie de pouvoir aider sa famille élargie. 

Je rémunère mes employés en « fresh »dollars. On appelle aujourd’hui ces dollars « frais » parce qu’ils remplacent le dollar d’avant 2019, confisqué par les banques, et auquel nous n’avons plus accès. La livre libanaise qui était alignée sur le dollar depuis plus de 20 ans, a subi une dévaluation de 1300% conjointement à une inflation de 200 à 400% sur tous les produits! Du jamais vu…

À ce jour, et compte tenu de l’ampleur des difficultés au quotidien , je sais que la tâche de [beyt] va être compliquée. 

Je devrais partir en septembre pour relancer des collections avec mes artisans, ils attendent…

Pourrais-je voyager? 

Vous me direz, finalement j’ai l’habitude, toutes ces incertitudes avec le Liban je les connais depuis si longtemps. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que l’on atteint un point de non retour. Les chocs répétés de ces deux dernières années ont miné les habitants.

Je voudrais finir sur une note d’espoir car si je n’étais pas habitée d’espérance je ne ferai pas le travail que je fais aujourd’hui. On sait que la vie est une suite de cycles, de hauts, de bas, Et je voudrais espérer de toutes mes forces que le Liban se sortira enfin de cette situation ubuesque et dramatique. Mais en attendant il faut agir, car quand un père ne peut plus nourrir plus son enfant tout peut arriver… Quand un peuple est laminé tout entier et que son espérance est brisée, tout peut arriver…

Merci d’avoir lu cette lettre.

Et pour finir, voici une liste (non exhaustive)d’entreprises sociales et solidaires ou vous pouvez trouver de l’artisanat libanais et le travail de designers libanais. Les encourager en achetant chez eux, c’est donner de la lumière ! 🕯