La maison Cartier et l’art islamique : influences et rencontres

12 janvier 2022 Benedicte de Blavous Moubarak

J’ai eu la chance récemment de visiter l’exposition parisienne « Cartier et les arts de l’Islam. Aux sources de la modernité », et ai été subjuguée. Cette exposition montre les influences des arts de l’Islam sur la production de bijoux et d’objets précieux de la Maison de haute joaillerie, du début du XXe siècle à nos jours. Plus de 500 pièces – bijoux et objets de la Maison Cartier, chefs-d’œuvre de l’Art islamique, dessins, livres, photographies et documents d’archives – retracent ainsi l’origine de cet intérêt pour les motifs orientaux.

Un peu d'Histoire...

En quête d’inspiration, Louis Cartier, petit-fils du fondateur et son équipe profitent de la vague de succès de l’art oriental, s’en inspirant directement et sans tabous. « Sujet à la fois éminemment politique et richement esthétique, le rapport entretenu par la création artistique européenne avec les arts de l’Islam n’a rien d’anecdotique, précise Olivier Gabet, directeur du MAD. Et cela depuis les alliances diplomatiques entre la France et l’Empire ottoman au XVI^e siècle, jusqu’aux conquêtes coloniales et impérialistes des XIX^e et XX^e siècles. »

Au début du XXᵉ siècle, les études de l’art islamique, de ses formes, de sa géométrie, de ses harmonies chromatiques ont permis de constituer un riche répertoire. Ces documents et archives ont constitué une matière unique pour la maison Cartier qui a su intégrer dans ses créations de bijoux une expression artistique particulière. La force des artisans de la maison Cartier, dessinateurs, joaillers, directeurs artistiques, est d’avoir su incorporer et harmoniser les éléments de l’art islamique dans leurs créations en piochant dans cette mine d’or d’informations mises à leur disposition.

influence et rencontre: l'art arabe et les bijoux

On découvre tout au long de l’exposition les juxtapositions et rencontres entre éléments d’architecture orientale et la découpe et le montage des cabochons et pierres précieuses. On s’émerveille devant la richesse des couleurs réinterprétée par la maison Cartier, fortement inspirée par le monde iranien : rapprochement du bleu des saphirs et du vert des émeraudes ou du jade appelé « décor de paon » qui rejoignent le bleu des turquoises iraniennes associé au bleu profond et pailleté du lapis-lazuli d’Afghanistan.

L'Orient fait rêver l'Occident

Dans les années 30, Jeanne Toussaint, directrice artistique de la maison, y ajoute le mauve de l’améthyste et lance, d’après la culture indienne, la mode des bijoux volumineux, de larges colliers à plusieurs rangs tels les colliers berbères en vogue dans les années 70. L’Orient, récupéré par la mode hippie, fait toujours rêver l’Occident.

Les différents motifs d’inspiration arabe sont largement décrits et l’on redécouvre la signification symbolique des fleurons, rosettes, compositions géométriques, mandorles, palmettes, fleurons, rinceaux, sequins, ondulations, écailles, tout un répertoire qui me parle et me séduit.

inspiration motifs arabes et bijoux cartier

Le lien avec notre marque [beyt]

En visitant cette exposition, je me suis sentie bien évidemment motivée et inspirée. Après tout c’est ce que, bien humblement, [beyt] tente de réaliser : faire entrer dans vos intérieurs un petit bout de la culture arabe, en la réinventant pour la mettre au gout du jour.

La dernière collection « tissus nomades » de [beyt] en est l’illustration : utiliser des tampons en bois, directement inspirés de l’art islamique et les réinterpréter librement sur des lins et des cotons. Chaque tampon raconte une histoire : le motif végétal symbolise le paradis, la paix et la grâce divine ; les figures géométriques reflètent l’équilibre providentiel du cosmos et l’harmonie intrinsèque de la création…

Ainsi, on retrouve dans les motifs de nos nappes les palmettes et les rosettes ou encore les réseaux de polygone d’étoiles, ou de svastikas.

Si l’Orient nous parle toujours un peu au cœur, il peut aussi être parfois source de tension. Le succès de cette exposition prouve le contraire, et confirme l’audace de pionniers qui ont su allier plusieurs formes d’art pour créer des collections uniques et remarquables.

Continuons à être des passeurs de beauté, partout où nous sommes. La beauté n’a pas de frontière, elle est universelle, elle peut être le maillon qui nous rassemble.

"Après tout c’est ce que, bien humblement, [beyt] tente de réaliser : faire entrer dans vos intérieurs un petit bout de la culture arabe, en la réinventant pour la mettre au gout du jour."